Plus de 100 espèces d'arbres et d'arbustes constituent le manteau forestier des Pyrénées. Chaque espèce s'installe sur des versants aux caractéristiques différentes : altitude, exposition, nature du sol, pluviosité ou nébulosité.
Voici 14 espèces, significatives de milieux variés, et facilement repérables :
Au Hêtre sylvestre correspond l'étage montagnard, entre 800 et 1800 m environ, avec une humidité élevée, qui se condense en brouillards épais, bruines ou pluies. Indifférent à la nature du sol, le hêtre redoute les gelées tardives qui détruisent ses jeunes feuilles tendres et ses floraisons.
L'humus de son sous-bois héberge peu d'espèces là où les arbres sont denses.
Le Sapin pectiné peut associer sa haute et sombre silhouette à la hêtraie. Mais aussi constituer des peuplements purs, notamment aux ombrées les plus fraîches et à la limite supérieure de l'étage montagnard (1800 m environ). Également indifférent à la nature du sol, le sapin ménage sous son couvert un espace de pénombre et de silence.
A la même altitude que le sapin, mais sur le versant opposé et ensoleillé, abrité des vents humides et des neiges persistantes, le Pin sylvestre. Son feuillage glauque, porté par un fût écailleux et rutilant dans le haut, laisse filtrer jusqu'au sous-bois une douce lumière, favorisant une flore semblable à celles des landes et pelouses voisines.
Le Pin à crochets prend le relais dès que l'altitude rend les conditions de vie plus sévères. Il s'affirme à partir du haut de l'étage montagnard et règne sur l'étage subalpin entre 1800 et 2300 m. Ses peuplements, lâches en général, laissent aux autres végétaux toute la faculté de s'exprimer.
Parmi eux :
Le Rhododendron ferrugineux, prospère sur le sol acide des ombrées rocailleuses. Le manteau neigeux qui ensevelit ses rameaux s'attarde jusqu'au mois de juin protégeant les fragiles boutons des gelées tardives. Ses peuplements très denses peuvent constituer des landes entièrement fleuries de rose.
Le Saule des Pyrénées, sur sol calcaire, se cantonne dans les zones où les neiges de l'hiver persistent jusqu'au printemps. Il constitue des landines d'un vert grisâtre assez lâches, où s'expose toute la richesse de la flore calcicole d'altitude (notamment la Dryade à huit pétales).
Le Raisin d'ours : sur les versants ensoleillés, il s'adapte aussi bien aux rocailles calcaires qu'aux escarpements siliceux. Il supporte la disparition précoce de la neige, les écarts de température considérables entre le jour et la nuit et une sécheresse prolongée en été.
Le Genêt purgatif : aux rameaux érigés en massifs ou en landes très denses croît exclusivement en terrain siliceux sur les soulanes de la partie orientale de la chaîne. Ses floraisons jaunes lumineuses envahissent des pans entiers de montagne à la fin du printemps et au début de l'été.
Avec l'étage alpin, au-dessus de 2300-2400 m, la vie des végétaux ligneux s'étiole progressivement, même si quelques pins à crochets s'élèvent jusqu'à 2 600 m environ.
Certains arbres et arbustes s'installent cependant dans des dépressions où la neige s'accumule jusqu'en juillet. Sur le sol pierreux s'enchevêtrent des rameaux rampants qui constituent des micro-forêts de quelques centimètres de hauteur :
- Le Saule herbacé sur sol siliceux (granite, gneiss, schiste, grès...)
- Le Saule réticulé et le Saule à feuilles rétuses sur sol calcaire.
- sur les parois calcaires : le Chèvrefeuille des Pyrénées : son petit buisson solidement implanté dans les fissures de la roche éclaire, dès le mois de mai, les falaises vertigineuses de bouquets de fleurs blanches.
- dans les éboulis : le Nerprun des Alpes. Ses branches, très souples sont plaquées au sol à la première coulée de neige. Elles échappent ainsi aux rabotages successifs des avalanches pendant la mauvaise saison.
- au chevet des sources et aux berges des torrents d'altitude : le Saule bicolore dont les touffes, modestes ou érigées, jalonnent la course turbulente des eaux cristallines.